Après avoir pratiqué le bois, la pierre, à partir des années 70, j’ai orienté progressivement mes travaux vers une sculpture à caractère monumental, conceptuel, avec comme matériau de support l’acier, retour naturel à mes sources originelles (formation métallerie, forge industrielle).
Le métal par sa malléabilité, ainsi que sa ductibilité et sa neutralité, exclut tout état d’âme, les émotions qu’il suscite ne se situent que sur le plan métaphysique.
Chacune de ces sculptures procède d’une forme géométrique prédéterminée (le trapèze), laquelle va être répétée dans un déploiement de situations spatiales différentes:
les groupes d’éléments identiques par le nombre qui les constituent ne diffèrent que par de de subtiles variations, selon des modifications rythmiques d’assemblage (positions).
Les pièces sont construites à partir de tôle d’acier, aux couleurs volontairement anonymes, celles ci lui permettent de passer de la perception de la ligne à celle de la surface.
Les plis forment le volume, expression du vice-versa, rétraction-contraction:
leurs intensités créent des lignes et des figures de différenciations: position-nombre-dimension, notions organiques dans la conception d’une sculpture qui diffère de l’approche monolithique et symétrique de l’espace.
Tout en partant du constructivisme, puis du minimalisme, je vais plutôt vers le quantitatif et l’informel alliant ainsi sobriété et complexité; tout est relatif et en relation, comme le sont les formes entre elles, et les ensembles d’éléments jusqu’à l’infini.
Depuis les années 1991, j’ai réalisé une série de sculptures en métal, d’après le concept philosophique de Deleuze (répétition et différences):
cela m’a fait découvrir la vacuité de la forme engendrée par le rythme et le mouvement; j’ai donc depuis ce moment quitté l’espace monolithique de la sculpture, règle d’or de l’équilibre et de la symétrie, pour m’orienter vers le dynamisme ou tout se transforme: les variations, la multiplicité des points de vue créent la répétition génératrice du rythme, l’oeuvre ouverte comme sujet principal de vie, de la pensée.
De ce rythme surgit la forme même, ses relations les unes aux autres embrasant l’espace et le temps; la prise en compte dans sa composition de trois éléments principaux dimension-position-nombre est essentielle.
Cette démarche philosophique m’ a orienté vers un art du concret ainsi qu’une pratique artistique du vécu et du réel dans l’organisation de sa composition.